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Emmanuel Goffi, « L’organisation De Coopération De Shanghai Dans Le Processus D’intégration Régionale : Les Logiques Nationales à L’épreuve De La Coopération Internationale », Ivème Congrès Du Réseau Asie Et Pacifique, Paris, Fr

Emmanuel Goffi, « L’organisation de coopération de Shanghai dans le processus d’intégration régionale : Les logiques nationales à l’épreuve de la coopération internationale », IVème Congrès du Réseau Asie et Pacifique, Paris, France, 14-16 septembre,

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    http://www.reseau-asie.comEnseignants, Chercheurs, Experts sur l’Asie et le PacifiqueScholars, Professors and Experts on Asia and the Pacific   L’O RGANISATION DE C OOPÉRATION DE S HANGHAI DANS LE PROCESSUSD ’ INTÉGRATION RÉGIONALE   LES LOGIQUES NATIONALES À L ’ ÉPREUVE DE LA COOPÉRATIONINTERNATIONALE  T HE S HANGHAI C OOPERATION O RGANISATION IN THE R EGIONAL I NTEGRATION P ROCESS   Emmanuel GOFFIEcoles d’officiers de l’Armée de l’air  Thématique B : Nouveaux paradigmes de la mondialisationTheme B: New Globalisation Paradigms  Atelier B 03 : Repenser le régionalisme en Asie : la contribution de l’organisation decoopération de Shanghai à la construction régionale de « l’Asie innovée » 2001-2011Workshop B 03: Thinking Asia anew: the Shanghai Cooperation Organisation’scontribution to region building in the « new Asia » ten years hence 4 ème Congrès du Réseau Asie & Pacifique4 th Congress of the Asia & Pacific Network 14-16 sept. 2011, Paris, FranceÉcole nationale supérieure d'architecture de Paris-BellevilleCentre de conférences du Ministère des Affaires étrangères et européennes   © 2011 – Emmanuel GOFFI Protection des documents / Document use rightsLes utilisateurs du site http://www.reseau-asie.com s'engagent à respecter les règles de propriétéintellectuelle des divers contenus proposés sur le site (loi n°92.597 du 1er juillet 1992, JO du 3 juillet). Enparticulier, tous les textes, sons, cartes ou images du 4 ème Congrès, sont soumis aux lois du droit d’auteur. Leurutilisation, autorisée pour un usage non commercial, requiert cependant la mention des sources complètes etcelle des nom et prénom de l'auteur. The users of the website http://www.reseau-asie.com are allowed to download and copy the materials of textual and multimedia information (sound, image, text, etc.) in the Web site, in particular documents of the 4 th  Congress, for their own personal, non-commercial use, or for classroom use, subject to the condition that any useshould be accompanied by an acknowledgement of the source, citing the uniform resource locator (URL) of thepage, name & first name of the authors (Title of the material, © author, URL). Responsabilité des auteurs / Responsability of the authorsLes idées et opinions exprimées dans les documents engagent la seule responsabilité de leurs auteurs.  Any opinions expressed are those of the authors and do.not involve the responsibility of the Congress'Organization Committee.   Atelier B 03: Repenser le régionalisme en Asie L’Organisation de Coopération de Shanghai dans le processus d’intégration régionale Emmanuel GOFFI / 2 L’O RGANISATION DE C OOPÉRATION DE S HANGHAI DANS LE PROCESSUSD ’ INTÉGRATION RÉGIONALE   LES LOGIQUES NATIONALES À L ’ ÉPREUVE DE LA COOPÉRATIONINTERNATIONALE   Emmanuel GOFFIEcoles d’officiers de l’Armée de l’air Dans les processus d’intégrations régionales que connaissent les relationsinternationales depuis la fin des années 80, chaque nouvelle organisation peut apporter sacontribution à la stabilité internationale.Dans ce cadre, les questions sécuritaires, au cœur des préoccupations des États, ontdonné lieu à de nombreux processus d’intégration leur permettant de faire face à des menacessouvent communes. Parmi celles-ci, le terrorisme international a amplifié le besoin decoopération pour lutter contre cette menace globale.Si l’Organisation de Coopération de Shanghai ( OCS ) s’inscrit dans cette logiqued’intégration, avec un fort tropisme anti-terroriste 1 , il n’en demeure pas moins que,contrairement à d’autres organisations, sa visibilité et sa lisibilité sur la scène internationaledoivent encore être améliorées pour lui permettre de collaborer avec d’autres structures.Les potentialités de l’ OCS sont nombreuses et l’organisation pourrait sans nul doutedevenir un acteur majeur au niveau régional voire au-delà. Dynamique sur le plan de lasécurité et de l’économie, elle pourrait jouer un rôle conséquent dans le développement et lastabilisation de la région en coopération avec d’autres acteurs dont l’Union européenne ( UE ).Pour autant, elle doit préalablement surmonter de nombreux obstacles pour envisager sereinement son avenir et ses éventuelles coopérations futures.L’ UE a, quant à elle tout intérêt à approfondir et renforcer ses relations avec l’ OCS .   Dans la perspective d’éventuels élargissements futurs, elle ne peut ignorer le rôle potentiel desa voisine asiatique et se priver d’une coopération avec elle.S’il apparaît donc que le besoin de coopération avec l’ OCS est, et sera de plus en plus,nécessaire, il n’en demeure pas moins que le chemin est parsemé d’obstacles qui serontsouvent difficile à surmonter. 1. La lutte contre les « trois forces du mal » a été initiée lors de la création de l’ OCS avec laConvention de Shanghai sur la lutte contre le terrorisme, le séparatisme et l’extrémisme du 15 juin2001. En 2004, la mise en place de la  Regional Anti-Terrorism Structure ( RATS ) avait pour objectif de coordonner les activités de l’ OCS en la matière. Cf. site Internet du Ministère des Affairesétrangères de la République populaire de Chine et texte de la Convention à :http://www.sectsco.org/EN/show.asp?id=68.   Atelier B 03: Repenser le régionalisme en Asie L’Organisation de Coopération de Shanghai dans le processus d’intégration régionale Emmanuel GOFFI / 3 I - L’ OCS : un acteur inévitable pour une coopération indispensable 1)  Le besoin de coopération pour partager le fardeau de la sécurité internationale La superficie couverte par les membres de l’ OCS et ses observateurs, impose une priseen compte des questions sécuritaires entourant l’Organisation. Parmi celles-ci, la situation enAfghanistan est bien entendu d’une importance considérable dans la limite où « le processusde stabilisation politique en Afghanistan (…) a un grand impact sur la sécurité » 2 des pays del’Organisation.Outre la proximité géographique avec l’Afghanistan, les trafics de stupéfiants et lerisque terroriste, sont autant de raisons pouvant inciter l’organisation à s’impliquer d’avantagedans la stabilisation de ce pays.Si jusque là « l’ OCS a poursuivi une approche étroite en Afghanistan en se focalisantsur le trafic de narcotiques » 3 , elle a manifesté en 2005 sa volonté de s’impliquer plus avantdans la stabilisation du pays en invitant le président Afghan au sommet de Tachkent.En juin 2011, l’ OCS a par ailleurs réaffirmé sa volonté d’accompagner l’Afghanistandans son processus de reconstruction 4 .C’est peut-être sur le terrain de la lutte anti-terroriste que pourrait s’envisager unecoopération approfondie entre l’ UE et les membres de l’ OCS .De manière plus générale, l’ OCS pourrait trouver sa place dans la gestion des conflitsdans la région et jouer un rôle plus actif en matière de sécurité sans pour autant avoir l’ambition d’en faire une « OTAN eurasiatique ».Si les potentialités sont nombreuses, les rivalités internes à l’ OCS doivent préalablement être surmontées pour permettre à l’Organisation de prendre son essor dans ledomaine sécuritaire.Il est donc plus que nécessaire que la Chine et la Russie affichent des objectifs politiques communs en la matière et dépassent le stade de la simple « amitié pragmatique » 5 .Si l’ OCS ne peut aujourd’hui se présenter comme une OTAN eurasiatique, elle peutnéanmoins développer ses partenariats économiques avec l’Occident et notamment avecl’Europe. 2. « Speech by Dmitry Medvedev at a meeting of the Shanghai Cooperation Organisation Council of Heads State in expanded format », President of Russia , June 15, 2011.3. Richard Weitz, « The SCO ’s Failure in Afghanistan », Central Asia-Caucasus Institute Analyst  ,   16février 2011. Disponible sur Internet à: http://www.cacianalyst.org/?q=node/5494.4. Cf. Déclaration d’Astana du 15 juin 2011.5. Charles-Louis Labrecque, « Le partenariat stratégique entre la Chine et la Russie : La poursuited’une amitié pragmatique », Sécurité mondiale , n° 30, novembre-décembre 2007 ; Isabelle Facon,« Les relations stratégiques Chine-Russie en 2005 : la réactivation d’une amitié pragmatique », Fondation pour la Recherche Stratégique , Notes de la FRS, 20 janvier 2006.   Atelier B 03: Repenser le régionalisme en Asie L’Organisation de Coopération de Shanghai dans le processus d’intégration régionale Emmanuel GOFFI / 4 2)  La coopération économique xxxcomme complémentxxxxxxxxxxxx Grâce à la Russie et à la Chine le PIB combiné de l’ OCS est le deuxième du mondederrière l’ UE et devant les États-Unis 6 . L’Organisation présente de facto un intérêt nonnégligeable pour l’Occident « avec laquelle l’UE peut développer des formes de coopérationéconomique … » 7 .Là encore la place des Etats-Unis dans le jeu économique doit être prise en compte dufait notamment des liens entretenus entre Washington et les capitales européennes, maiségalement avec Moscou et Beijing.C’est certainement dans le domaine de l’énergie que la coopération entre l’Europe etl’ OCS peut se développer rapidement. Les interdépendances intra- comme extra- OCS , offrentdes opportunités non négligeables. Avec 20% des réserves de pétrole prouvées et 38% desréserves de gaz, les pays de l’ OCS peuvent effectivement légitimement affirmer leur puissanceen matière énergétique, à condition toutefois de dépasser les tropismes nationaux. 1.    Respecter la logique d’aires d’influence Afin d’envisager une coopération entre l’ UE et l’ OCS il semble également nécessaire derespecter les logiques d’influences à l’œuvre au sein de l’Organisation.Les luttes d’intérêts, notamment entre Moscou et Beijing, imposent aux éventuels partenaires de l’ OCS , de ne pas traiter aujourd’hui avec l’Organisation comme un ensemblecohérent mais comme un regroupement de deux « grands » et quatre « petits » 8 .Par ailleurs, afin de ménager les susceptibilités des uns et des autres, il sera importantde faire en sorte de ne pas empiéter sur les zones d’influences des deux grands del’Organisation afin de ne pas susciter les mêmes craintes que les Etats-Unis. II - Surmonter les obstacles et préciser les dimensions multiples de l’Organisation 1) Clarifier le positionnement de l’OCS  Il existe indiscutablement un fort déséquilibre entre les pays membres de l’ OCS .Aujourd’hui, pragmatiques et incertaines, les relations sino-russes pèsent en défaveur del’Organisation.Cette prééminence des deux grands tend à masquer le poids de l’ OCS qui devra sansaucun doute s’affirmer comme un bloc plutôt que comme la somme de plusieurs États.Une première difficulté consistera certainement à faire en sorte que les logiques de puissances entre Moscou et Beijing soient mises entre parenthèses et que les deux capitalesfassent cause commune au sein de l’ OCS . 6. Données chiffrées disponibles sur le site du Fond Monétaire International dans le World EconomicOutlook Database d’avril 2011.7. Fabio Indeo, « La stratégie de l’ UE en Asie centrale : quelles relations entamer avec l’Organisationde coopération de Shanghai ? »,  Regards sur l’Est  , 1 er  avril 2008. Disponible sur Internet à :http://www.regard-est.com/home/breve_contenu.php?id=835.8. Hélène Rousselot, « Le Club de l'énergie de l'OCS, un élément (moteur)... d'intégration régionale ?»,  Relations internationales , 2011/1 n° 145, p. 118.   Atelier B 03: Repenser le régionalisme en Asie L’Organisation de Coopération de Shanghai dans le processus d’intégration régionale Emmanuel GOFFI / 5 Cependant il est vrai que les relations sino-russes ont bénéficié de l’inquiétudecommune concernant l’action des Etats-Unis dans la zone. Le sentiment partagé de défiancevis-à-vis de l’« hyperpuissance » américaine a permis de resserrer les liens entre les deux pays.Au final, l’avenir de l’ OCS   en tant que structure globale est étroitement lié aux relationssino-russes.Par ailleurs, au-delà de ces relations, il est évident qu’aujourd’hui encore que, malgréles déclarations du président Medvedev à Astana 9 , « les pays d’Asie centrale ne forment enrien une communauté politique ou même économique » ce qui tend à fragiliser l’ OCS 10 .   Eneffet ces pays voient essentiellement dans l’ OCS un outil leur permettant de s’ouvrir desdébouchés vers la Chine, l’Inde, l’Iran et le Pakistan. 2)    Des perceptions à modifier  Il semble donc que l’un des obstacles les plus importants à surmonter pour permettre àl’ OCS de prendre toute sa place dans le paysage régional, voire international, soit de dépasser les perceptions héritées pour partie de la guerre froide.Dans cette optique, il est indispensable que les membres de l’Organisation surmontentcette forme d’anti-américanisme primaire qui caractérise certains d’entre eux, et évite desamalgames conduisant à transformer la défiance à l’égard de Washington en une méfiance plus générale vis-à-vis de l’Occident.S’il existe un intérêt non négligeable pour le « modèle » européen en Asie centrale, ilfaut tout de même se garder de laisser à penser que l’Europe s’inscrit dans une logiquesimilaire à celle des Etats-Unis d’exportation de valeurs ou de systèmes institutionnels. Cettevision géopolitique ne saurait être accueillie favorablement par une organisation qui prône lerespect de la diversité.Des avancées sont toutefois à noter dans ce tableau assez sombre, notamment autravers des relations entre Moscou et Washington dans le cadre du Conseil OTAN -Russie ouencore des relations économiques que la Chine noue avec l’Europe.De la même manière, la perception qu’à l’Occident de L ’ OCS doit être modifiée en profondeur. L’ OCS doit désormais être vue comme un partenaire dans le domaine de lasécurité internationale comme dans celui de l’économie et de l’énergie. L’Union européennene peut en la matière s’exonérer d’un approfondissement substantiel de ses relations avecl’Organisation.Aujourd’hui encore, « [les malentendus] tiennent surtout aux lectures géopolitiquestrop rapides faires par les Européens et les Occidentaux quant à un partenaire nouveau etanciennement situé dans le camp de l’ennemi. » 11   9. Volonté de coordination des politiques commerciales et énergétiques des États membres.10. Jean-Pierre Cabestan,  La politique internationale de la Chine. Entre intégration et volonté de puissance , Paris, Les Presses de Sciences-Po, 2010, p. 311.11. Pierre Chabal, « Approches conceptuelles et interprétatives des relations interrégionales euro-centralasiatiques et centralasio-européennes depuis l’après-guerre froide »,  Réseau Asie ,Communication lors 3 ème Congrès du Réseau Asie – IMASIE, 26-27-28 sept. 2007, Paris, p. 9.