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Les Productions Monétaires De Postume En 268-269 Et Celles De Lélien (269). Nouvelles Propositions

Les productions monétaires de Postume en 268-269 et celles de Lélien (269). Nouvelles propositions

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  The NumismaticChronicle 170Offprint LONDONTHE ROYAL NUMISMATIC SOCIETY2010 Les productions monétaires de Postume en 268-269 et celles de Lélien (269). Nouvelles propositions  by DANIEL GRICOURT and DOMINIQUE HOLLARD  LES PRODUCTIONS MONÉTAIRES DE POSTUME EN 268-269 129 Les productions monétaires de Postume en 268-269 et celles de Lélien (269). Nouvelles propositions DANIEL GRICOURT et DOMINIQUE HOLLARD 1 PLATES 11-12  À la mémoire de Pierre Bastien (1912-2010) Introduction L A  P UBLICATION  en 1983 de l’énorme trésor de Cunetio (Grande-Bretagne, Wiltshire)  par E. Besly et R. Bland marque une étape décisive dans le classement des antoniniani  de Postume, à telle enseigne qu’aucune recti fi cation majeure n’est venue depuis cette date modi fi er la séquence des émissions qu’ils en ont proposé. Celle-ci s’appuie sur une solide combinaison de critères : — chronologiques par le recours aux légendes itératives : mention des consulats, des puissances tribuniciennes, des acclamations impériales, des quinquennales et des décennales,  — structurels par l’utilisation des trésors et de leur terminus,  — métrologiques par la synthèse des données pondérales et métalliques (teneur des alliages/titres de fi n), — charactéroscopiques par la prise en compte des liaisons de coins, — iconographiques par l’étude de l’évolution stylistique des portraits impériaux, — typologiques par l’usage approprié de l’imagerie monétaire au service des circonstances militaires, politiques, économiques et idéologiques.Les auteurs proposent ainsi pour la durée de son imperium  long de huit ou neuf ans une suite de sept séries principales, elles-mêmes scindées en deux ou trois phases selon les cas. La période terminale de son règne, qui constitue l’objet de cette étude, concerne, pour l’année 268, la cinquième série fractionnée en trois phases ainsi que la sixième partagée en deux et, pour 269, la septième indivisée 2 .Par ailleurs, E. Besly et R. Bland se sont attachés dans ce même travail de fond à établir que l’unité de production principale de Postume ne se trouve assurément pas à Cologne, comme on l’admettait volontiers depuis le mémorable essai de G. Elmer consacré aux émissions monétaires de l’Empire gaulois 3 , mais dans une autre 1  D. Gricourt : chargé de recherche au Centre d’étude des Trésors monétaires de la BnF (Paris) ; D. Hollard : conservateur au Cabinet des Médailles de la BnF (Paris). 2  Besly et Bland 1983, pp. 52-3 et p. 56, tableau 27. 3  Elmer 1941, pp. 8-15 pour sa localisation des diverses monetae . Voir toutefois dès après guerre,  DANIEL GRICOURT et DOMINIQUE HOLLARD 130 agglomération qu’ils tendent à identi fi er à Trèves 4 , ainsi que le suggéraient déjà J.P.C. Kent et R.A.G. Carson 5 . La démonstration a convaincu l’historien J.F. Drinkwater qui la suit dans ses grandes lignes, en dépit de son maintien par prudence des guillemets au nom de la cité mosellane 6 . Il serait super  fl u de reprendre ici le faisceau d’arguments variés que l’un de nous a rassemblés en faveur du choix de Trèves, chef-lieu de la  Belgica ,   comme siège de la cour impériale depuis le courant de la seconde moitié de la décennie 250 et, par contrecoup, comme lieu d’implantation de la moneta  à son service 7 .Mais le consensus n’est pas général, loin de là. Ainsi, il y a peu, H.-J. Schulzki et W. Weiser se sont appliqués à réunir du matériel numismatique dans le but de démontrer qu’une seule moneta  fonctionne en Gaule sous le règne de Postume et que cet atelier se localise à Cologne 8 . Il ressort de l’intéressante documentation produite à l’appui de cette thèse qu’un certain nombre de pièces rares de Postume (deniers, aurei  et médaillons) ont été exhumées, soit à Cologne ou dans son voisinage, soit  plus encore à Bonn. Que Cologne, capitale de la Germanie inférieure, et Bonn, siège de la legio I Minervia , aient connu des distributions de monnayages festifs est un fait logique et certain, lequel ne saurait toutefois par lui-même constituer un argument décisif. En effet, une enquête aussi systématique menée à Mayence et à Trèves, capitales respectives de la Germanie supérieure et de la Gaule belgique, donnerait sans aucun doute des résultats similaires contrebalançant ceux présentés par nos collègues rhénans. Quant à l’idée qu’un seul atelier gaulois existerait sous Postume, celui signant sur ses productions COL( onia ) C( laudia ) A( ra ) A(  grippinensis ) vers la fi n de l’année 268, nous verrons plus loin que la structure même des dernières émissions de cet empereur et la façon dont elles sont en partie bouleversées par l’irruption du monnayage de Lélien prouvent qu’il ne peut en être ainsi.L’épigraphie est également parfois invoquée en faveur de la thèse de l’atelier unique. Encore récemment, M. Christol arguait de la découverte à Aphrodisias de Carie d’une lettre de Valérien I et de Gallien envoyée depuis Cologne, à la date du 23 août d’une année qui doit être 257, pour réaf  fi rmer que cette cité constitue une capitale impériale abritant de facto  l’atelier monétaire des provinces occidentales 9 . Rien de tel ne ressort en vérité de l’examen du contenu de cet important document historique, si ce n’est qu’on peut présumer qu’à cette époque, comme l’écrit lui-même l’auteur à juste raison, « Valérien effectua un premier voyage vers la frontière rhénane, ou plus exactement une longue inspection des frontières, pour laquelle il  partit accompagné de Gallien et de Valérien le Jeune » 10 . Un pareil périple nécessitait un passage obligatoire par la prestigieuse colonie romaine de Cologne, qui se trouve dans le compte rendu de cet important écrit, les ré fl exions critiques de Mattingly 1946, p. 134, qui, s’il reconnaît le transfert indiscutable par Valérien I et Gallien d’un atelier en Gaule dans la seconde moitié de la décennie 250, émet de fortes réserves sur son implantation à Cologne. 4  Besly et Bland 1983, pp. 57-8. Voir aussi Bland et Burnett 1988, p. 147. 5  Kent 1978, p. 42 ; Carson 1980, p. 115. 6  Drinkwater 1987, pp. 138, 143 et 145-6. 7  Gricourt 1990, pp. 36-40. 8  Voir ainsi Schulzki 2002 ; Weiser 2002. 9  Christol 1997. 10    Idem , p. 252.  LES PRODUCTIONS MONÉTAIRES DE POSTUME EN 268-269 131 sur le limes , et il est probable que l’inscription C C A A Valeriana Gallieniana  sur l’arc de la porte septentrionale de cette cité ( CIL  XIII, 8261) fait suite à ce séjour durant lequel ces empereurs ont ordonné la restauration ou le renforcement de ses murailles 11 . Dépasser ce simple constat dans l’analyse de la lettre impériale d’Aphrodisias apparaît pour le moins abusif et cause d’erreurs.À cet égard, une découverte exceptionnelle et « décisive », pour reprendre le quali fi catif judicieux employé par S. Estiot 12 , a été réalisée dernièrement lors de fouilles menées dans l’agglomération de Trèves, où des vestiges de la moneta  of  fi cielle ont été exhumés aux abords du mur septentrional de l’enceinte forti fi ée, à peu de distance de la  Porta Nigra 13 . En plus du matériel métallique habituel nécessaire à la mise en œuvre d’une production monétaire, dont un fragment de barre en bronze, des bâtonnets de cuivre coulés, des boudins, des fl ans vierges et même un raté de fabrication 14 , ont été recueillis un ensemble de plus de 300 antoniniens ressortant aux séries des Tétricus (271-274). Ces monnaies se rapportent particulièrement au milieu et à la fi n du règne : PAX AVG (Elmer 775), LAETITIA AVGG (E. 787), HILARITAS AVGG (E. 789/790), VIRTVS AVGG (E. 780) et SALVS AVGG (E. 779/788) pour le père, SPES PVBLICA (E. 769) et SPES AVGG (E. 791/796)  pour le fi ls. Les trouvailles comprennent aussi trois deniers de billon de ces mêmes empereurs – 1 pour Tétricus I et 2 pour Tétricus II – émis pour les quinquennalia  du début de l’année 274 et qu’il serait trop long de détailler ici 15 . Cette documentation, qui mêle des productions réparties normalement entre les deux ateliers des empereurs gallo-romains, apporte un soutien puissant et concret à l’hypothèse de R. Bland et A. Burnett dans leur savante publication de l’imposant trésor de Normanby(G.-B., Lincolnshire). Nos confrères britanniques ont avancé avec de bons arguments à l’appui, en l’occurrence la présence de nombreux hybrides, qu’à cette date l’atelier secondaire de la dissidence a rejoint la moneta  principale pour ne plus former qu’une seule unité de production 16 . La conclusion s’impose donc d’elle-même : comme l’atteste l’archéologie, l’atelier monétaire gaulois central se trouve bien sinon depuis l’srcine, du moins 11  König 1981, p. 81 et p. 198, n° 31 ; Gricourt 1990, p. 37 et note 37, où est formulé cet avertissement toujours d’actualité : « Il convient de se garder de confondre quartier général, le temps d’une campagne militaire [ou d’une inspection, pouvons-nous ajouter], et résidence of  fi cielle de l’empereur ». 12  Qui n’en a malheureusement pas tiré les conséquences appropriées : Estiot 2009, p. 161. 13  Sur le détail de ces restes qui représentent plus de 8 kg de métal, cf. Gilles 2007a, pp. 75-6 et fi g. 1-3, et 2007b, p. 314 et fi g. 2, ainsi qu’en dernier lieu et surtout Knickrehm 2008-2009, pp. 99-102. 14  Il s’agit d’un antoninien de Tétricus II à l’avers décentré et au revers non empreint : Gilles 2007a,  p. 75, fi g. 2, et p. 76. 15  Le premier de type P M TR COS III P P, VOT X à l’exergue (mal décrit dans Gilles 2007a, p. 76 et fi g. 3/1, mais bien publié par Knickrehm 2008-2009, p. 109), est une variante de Schulte 1983, p. 164, n° 61, pl. 26, avec l’avers 40 et le revers 41 de sa classi fi cation (Sondermann 2010b, p. 187, n° 7.2). Le second, de type PRINCIP (  sic ) IV-VENTVTIS est apparenté à Schulte 1983, p. 169, n° 5, pl. 28 (Gilles 2007a, p. 76 rect. et fi g. 3/2 ; Knickrehm 2008-2009, p. 111 rect.), mais avec une forme de  buste à l’avers et une variante de légende au revers nouveaux (Sondermann 2010b, p. 196, n° 1.2). Le troisième de type PRINC - IV-V-ENTVT est absent de Schulte 1983 (Gilles 2007a, p. 76 et fi g. 3/3 ; Knickrehm 2008-2009, p. 112), bien que formé d’une combinaison de son avers 6 et de son revers 4 (Sondermann 2010b, p. 199, n° 1.5). 16  Bland et Burnett 1988, p. 153 et pp. 154-5, « Summary ».