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Le Marché Des Stupéfiants Dans Le Canton De Vaud. Partie 1 : Les Opioïdes

Le marché des stupéfiants dans le canton de Vaud. Partie 1 : les opioïdes Frank Zobel, Addiction Suisse Pierre Esseiva et Robin Udrisard, ESC, UNIL Stéphanie Lociciro et Sanda Samitca, IUMSP, CHUV Étude

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    June 2018
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Le marché des stupéfiants dans le canton de Vaud. Partie 1 : les opioïdes Frank Zobel, Addiction Suisse Pierre Esseiva et Robin Udrisard, ESC, UNIL Stéphanie Lociciro et Sanda Samitca, IUMSP, CHUV Étude cofinancée par : Fonds vaudois pour la prévention et la lutte contre les addictions Citation suggérée : Zobel F, Esseiva P, Udrisard R, Lociciro S, Samitca S. (2017). Le marché des stupéfiants dans le canton de Vaud: Les opioïdes. Lausanne: Addiction Suisse/Ecole des sciences criminelles/institut universitaire de médecine sociale et préventive. Collaborations : Christian Schneider (fedpol) a écrit le chapitre 4 et Cécile Homberg (étudiante UNIL) l'annexe 5 de ce rapport. Marc Marthaler, Gerhard Gmel et Luca Notari (Addiction Suisse), Marc Augsburger (CURML), Elodie Lefrançois et Julian Broséus (ESC), Nicolas Pythoud et l équipe de la Fondation ABS, Martine Baudin et l équipe du Quai 9, Jean-Pierre Gervasoni et Pierre-Simon Vermot (IUMSP), Philippe Hayoz (OFS), João Mathias (EMCDDA), ont tous contribué de différentes manières à cette étude. Remerciements : Nous remercions vivement les personnes mentionnées ci-dessus ainsi que les membres du groupe d accompagnement pour leurs aide et contributions. Nos remerciements vont aussi à toutes les participantes et les participants aux études que nous avons réalisées dans le cadre de ce projet. Date d édition : Juin 2017 Table des matières Résumé 5 Zusammenfassung 9 1 Introduction et approche Introduction Approche, méthode et données Structure du rapport Références 20 2 Les produits / Les opioïdes Introduction Généralités L héroïne Composition de l héroïne présente sur le marché Analyse des classes chimiques Synthèse Addendum: Analyse du contenu des seringues usagées à Lausanne Références Trois questions à. Thomas Nefau 36 3 Estimation du volume du marché de l'héroïne dans le canton de Vaud Estimation basée sur la demande Estimation basée sur les eaux usées Estimations croisées : volume basé sur la demande et volume basé sur les eaux usées Synthèse Références Trois questions à Gerhard Gmel 58 4 L étrange trajet de l héroïne du Helmand vers le Pays de Vaud Afghanistan : la culture de l'opium comme stratégie de survie Iran: trafic de précurseurs et guerre à la drogue Turquie, Caucase et Afrique de l'est : les routes qui mènent vers l'europe Route(s) des Balkans Références 67 5 Structure et organisation du marché des opioïdes Méthode et sources de données Structure et organisation du marché des opioïdes en Suisse Le marché dans le canton de Vaud Synthèse Références Trois questions à Stefano Caneppele 84 6 Focus sur les groupes criminels albanophones Position géographique et liens historiques Guerres, corruption et conflits de valeurs Avantage compétitifs Une conjonction de facteurs Une «mafia albanaise»? Des groupes aux méthodes sophistiquées ou qui savent s'adapter? 88 3 6.7 Synthèse Références 90 7 Valeur et revenus Données Estimation du chiffre d'affaire final (vente) Estimation des revenus Synthèse Trois questions à Christian Ben Lakhdar Conclusions Deux questions à Jachen Curdin Nett 112 Annexe 1 Etude Observateurs 117 Annexe 2 Etude auprès des usagers d'héroïne 131 Annexe 3 Analyse des dossiers judiciaires 143 Annexe 4 Analyse des dénonciations dans le canton de Vaud 151 Annexe 5 Articles 24 Heures 160 Annexe 6 Calculs et paramètres utilisés pour les estimations de volume par l analyse des eaux usées 168 4 Résumé Le projet «Structure et produits du marché des stupéfiants» (MARSTUP) est né d'une volonté de collaboration de trois Instituts de recherche lausannois qui travaillent depuis de nombreuses années sur la question des stupéfiants : Addiction Suisse, l'ecole des sciences criminelles (ESC) de l'université de Lausanne et l'institut universitaire de médecine sociale et préventive (IUMSP) du CHUV. Tous trois ont pris conscience de l'intérêt d'étudier cette dimension souvent ignorée de la problématique des stupéfiants. L'objectif de la collaboration est de développer une compréhension de la structure et de l organisation du marché des stupéfiants qui puisse contribuer à l'amélioration des politiques publiques et à promouvoir des débats plus factuels à ce sujet. Il s'agit aussi de développer un outil de monitorage qui permette de suivre l évolution temporelle de ce marché. Le canton de Vaud a accepté de cofinancer ce projet et un groupe d'accompagnement, formé de professionnels de la santé publique et de la sécurité, a été constitué. Le projet a été divisé en trois parties successives: le marché des opioïdes, celui des stimulants et celui des cannabinoïdes. Chacun fait l'objet d'une analyse de marché à quatre niveaux: les produits proposés, les volumes consommés, la structure et organisation du marché, et sa valeur. Les données utilisées comprennent des enquêtes et statistiques existantes, ainsi que de nouvelles études, notamment des entretiens auprès des professionnels concernés par ce marché et avec des usagers de stupéfiants. Les analyses des eaux usées et celles du contenu résiduel des seringues usagées ont aussi été intégrées dans le projet. Il s'agit de la première étude interdisciplinaire de ce type en Suisse. Le présent rapport le premier du projet porte sur le marché des opioïdes. Produits L étude montre que l héroïne est la substance reine du marché des opioïdes en Suisse et dans le canton de Vaud. Il y a bien quelques cas de saisies de méthadone, de morphine ou d opium, mais ils restent comparativement rares et il n'y a généralement pas de marché structuré pour ces substances. La présence de nouvelles substances psychoactives (NPS) opioïdes n'a pas été rapportée. Une étude visant à les identifier dans les eaux usées sera encore réalisée dans le cadre de MARSTUP. L héroïne vendue se présente sous sa forme de base et est de couleur brune. Elle est importée en Suisse sous forme de pains de 500 g à 1 kg pouvant présenter une pureté de 40 à 60%. Elle est ensuite coupée avec un mélange déjà préparé de caféine et de paracétamol puis conditionnée sous forme de sachet minigrip de 5 g, avec une pureté comprise entre 10 et 15%. C est sous cette forme que les trafiquants la vendent aux usagers. Ces derniers peuvent ensuite reconditionner l'héroïne sous forme de paquets contenant typiquement une dose (0.2 g) pour la revendre à d autres usagers. Normalement il n'y a pas à de coupage supplémentaire à ce stade. 5 Volume Deux méthodes indépendantes, basées sur le nombre de consommateurs et sur l'analyse des eaux usées, produisent une estimation du volume d'héroïne consommée dans le canton de Vaud de l'ordre de 145 kg kg par an. C'est la première fois qu'une telle estimation est réalisée. Elle suggère que, chaque jour en moyenne, environ 1'300 à 2'800 épisodes de consommation d'héroïne ont lieu dans le canton, pour une population estimée à 1'343 1'894 usagers (en traitement de substitution, hors traitement avec usage régulier et hors traitement avec usage occasionnel). Pour estimer le volume total du marché il faut encore ajouter les saisies de la police qui représentent environ l'équivalent de 18 kg d'héroïne «de rue». Le volume sur le marché pourrait donc se situer dans l'intervalle de 163 kg kg et les saisies policières représenter environ 8% - 11% de ce total en Structure et organisation Le marché de l'héroïne est essentiellement contrôlé par des groupes albanophones ou assimilés qui importent, coupent, distribuent et vendent l'héroïne en sachets (grips) de 5 g. Ils dominent ce marché depuis au moins un quart de siècle. Leur présence s'explique par différents facteurs liés au trafic d'héroïne sur la route des Balkans, aux liens entretenus avec la Turquie et l'italie, à la criminalité et aux communautarismes qui ont suivi la chute du communisme, à la faible mise en œuvre de la loi dans leur pays d'origine, ainsi qu à une importante diaspora en Suisse. L'achat d'héroïne auprès de ces groupes se fait généralement (mais pas toujours) par un appel téléphonique depuis une cabine à un vendeur qui peut être hors du canton/de Suisse. Celui-ci fixe le prix et le lieu de la transaction avant de contacter ses livreurs, de jeunes hommes albanophones qui ne résident en Suisse que quelques mois. La transaction se réalise lors de la rencontre entre le livreur et l'acheteur. La longévité de la mainmise des groupes albanophones est liée au fait qu'il s'agit souvent de petites organisations flexibles et remplaçables, nées d'opportunités dans le pays d'immigration. Le système organique qu'elles constituent peut difficilement être combattu par la police, ou par des concurrents. Les groupes albanophones font preuve d'une adaptation fonctionnelle aux stratégies de la police et réussissent à éviter l'écueil de la consommation de stupéfiants en leur sein. Une certaine cohésion interne et différents aspects organisationnels du trafic semblent y contribuer. Néanmoins, chaque année un nombre non-négligeable de groupes sont démantelés par la police en Suisse. Le marché de l'héroïne dans le canton de Vaud semble être un marché secondaire avec des canaux de distribution et de vente de différents types. Une large partie du marché ne concerne que la vente entre usagers, avec de l héroïne initialement achetée à Genève auprès de groupes albanophones. Cette vente entre usagers s adresse généralement à un nombre limité et relativement stable de clients connus, dans un marché qui ne semble pas chercher à s étendre. Tant la police que les usagers interviewés rapportent peu de violences dans ce marché en Suisse. 6 Valeur Le chiffre d'affaire provenant de la consommation d'héroïne dans le canton de Vaud est limité et peut être estimé à environ millions de francs par an. Les analyses suggèrent que moins de la moitié de ce chiffre d'affaire est réalisé par les groupes de trafiquants et que le reste concerne avant tout la revente entre usagers. Une large part de l'argent qui circule sert ainsi à financer les consommations personnelles. L'étude des revenus montre que ceux-ci ne devraient pas, pour les groupes albanophones et similaires actifs sur le marché de l'héroïne, dépasser 2.2 à 4.1 millions de francs par an pour l'équivalent du marché vaudois. Les revenus les plus élevés sont ceux des groupes qui coupent et vendent directement l'héroïne aux usagers. Si un tel groupe est actif uniquement dans le coupage et la redistribution, sans vente directe, le retour est moindre, mais les risques sont plus faibles. S'il ne fait que revendre des grips déjà préparés par d'autres, le retour est faible et les risques importants, mais ce type d'activité peut être plus rentable s il implique un transfert géographique (p.ex. achat à Genève et vente à Lausanne). Finalement, les livreurs albanophones, qui sont les plus exposés au risque d'interpellation par la police, peuvent gagner un salaire brut de l'ordre de quelques milliers de francs par mois. Au niveau des usagers, on peut observer que la vente d'héroïne peut permettre de financer la consommation personnelle, ou une partie de celle-ci, et éventuellement d obtenir un revenu qui ne devrait le plus souvent pas dépasser quelques centaines de francs par mois. Cela à condition de ne pas se faire interpeller par la police, de ne pas se faire voler son stock et d'être en mesure de gérer sa consommation. Pour l'usager hors traitement qui ne peut ou ne veut pas vendre de l'héroïne, les dépenses liées à sa consommation sont d'environ Fr à Fr. 1'700.- par mois, selon le mode d'approvisionnement (grips ou paquets). Conclusions On retiendra de cette étude l'image d'un marché des opioïdes dans le canton de Vaud qui, même si il est parfois multiforme, a une structure de base relativement simple, organisée autour d'un seul produit, l'héroïne. Ce marché est actuellement assez prévisible puisque le coupage, le conditionnement, la vente et les prix varient relativement peu, même à l'intérieur de la Suisse. Le fait qu'il soit contrôlé depuis un quart de siècle par des groupes albanophones est sans doute l'une des raisons pour cela. Une estimation de la taille et de la valeur de ce marché a fait ressortir une consommation annuelle de l'ordre de 145 kg kg dans le canton de Vaud, pour un chiffre d'affaire estimé à millions de francs. Plus de la moitié de cette somme concerne la revente entre usagers et, donc, vise plutôt le financement de la consommation qu'un profit. Cette partie du marché ne connaît pas d'expansion, puisqu'elle se caractérise par des micro-échanges et s'appuie largement sur de petits réseaux de personnes qui se connaissent. Le projet MARSTUP a ainsi démontré qu'une approche pragmatique et interdisciplinaire permet de lever le voile sur différentes caractéristiques d'un marché de stupéfiant local. Il propose de nouvelles données de cadrage et de réflexion pour le déploiement d'actions dans ce domaine. 7 Chiffres clés Valeur 145 kg à 205 kg 7.9 à 11.2 millions 45% Fr. 2.2 à Fr. 4.1 millions Explication Estimation du volume annuel d héroïne consommée dans le canton de Vaud (pureté 10-15%) Estimation en francs suisses du chiffre d'affaire associé à la consommation d héroïne dans le canton de Vaud Estimation de la part de ce chiffre d'affaire réalisée par les groupes de trafiquants Estimation des revenus pour les groupes de trafiquants 40% à 60% La pureté usuelle de l héroïne à son entrée en Suisse 10% à 15% '894 1'300 à g 5 g La pureté usuelle de l héroïne vendue au détail en Suisse ces dix dernières années Le nombre estimé d usagers réguliers ( ) et occasionnels ( ) d héroïne dans le canton de Vaud L estimation du nombre moyen d épisodes journaliers de consommation (tous modes de consommation confondus) La quantité usuelle d héroïne contenue dans un «paquet», la plus petite unité de vente habituelle (dose) La quantité d héroïne contenue dans un «grip», la plus grande unité de vente au détail. Fr Le prix du gramme d héroïne à la fin des années 1980 Fr Le prix actuel le plus bas pour 1 g d héroïne au détail (grips de 5 g) Fr. 20'000.- à Fr. 30'000.- Fr à Fr Fr Fr à Fr à 4 mois Fr à Fr. 20'000.- Le prix en Suisse pour 1 kg d héroïne non coupée Le prix d un grip (5 g) à Genève Le prix d un grip (5 g) à Lausanne Le prix d un grip (5 g) en périphérie à Yverdon La durée typique de la mission d un vendeur/livreur de grips travaillant pour un groupe de trafiquants Les dépenses annuelles d un usager régulier (200 g / an) selon qu il achète des grips ou des paquets 8 Zusammenfassung Das Projekt «Struktur und Produkte des Betäubungsmittelmarktes im Kanton Waadt» (MARSTUP) ist ein Ergebnis der Zusammenarbeit zwischen Sucht Schweiz, dem Institut für Kriminologie (ESC) der Universität Lausanne und dem Institut für Sozial- und Präventivmedizin (IUMSP) des Universitätsspitals Lausanne (CHUV), welche sich schon seit vielen Jahren mit Fragen zu Betäubungsmitteln auseinandersetzen. Alle drei Institute waren sich darüber im Klaren, dass es sich beim Markt um einen Aspekt der Betäubungsmittelproblematik handelt, dem in der Vergangenheit nicht genügend Beachtung geschenkt wurde. Ziel der Zusammenarbeit war es, einen Einblick in die Struktur und die Organisation des Betäubungsmittelmarktes zu erhalten und damit einen Beitrag zur Weiterentwicklung der Drogenpolitik und zur Förderung von faktenbasierten Debatten zu leisten. Gleichzeitig sollte ein Instrument zur langfristigen Beobachtung der Entwicklung dieses Marktes entwickelt werden. Der Kanton Waadt hat dieses Projekt mitfinanziert und eine Begleitgruppe bestehend aus Fachpersonen der öffentlichen Gesundheit und Sicherheit wurde gebildet. Das Projekt wurde in drei Teilprojekte aufgeteilt: die Untersuchung des Opioidmarktes, des Marktes der Stimulanzien und jener der Cannabinoide. Jedes Teilprojekt untersucht vier Dimensionen des Marktes: die sich in Umlauf befindenden Produkte, die konsumierten Mengen, die Struktur und die Organisation des Marktes sowie sein monetärer Wert. Hierfür wurde auf Daten aus existierenden Befragungen und Statistiken sowie auf eigene Erhebungen zurückgegriffen, namentlich auf Interviews von Fachpersonen, welche Kenntnisse dieser Märkte haben (Polizei, Sozialarbeit) und mit Konsumierenden von Betäubungsmitteln. Des Weiteren wurden Abwasseranalysen und Analysen von Drogenrückständen in gebrauchten Spritzen für das Projekt berücksichtigt. Es handelt sich dabei um die erste interdisziplinäre Studie dieser Art in der Schweiz. Der vorliegende Bericht der erste des Projekts gibt Auskunft über den Opioidmarkt. Produkte Die Studie zeigt, dass Heroin die dominierende Substanz des Opioidmarktes in der Schweiz und im Kanton Waadt darstellt. Es gibt zwar Sicherstellungen von Methadon, Morphin oder Opium, aber diese sind vergleichsweise selten und es gibt meistens keinen strukturierten Markt für diese Substanzen. Es liegen auch keine Meldungen zum Vorhandensein von opioidähnlichen neuen psychoaktiven Substanzen (NPS) vor. Eine Studie, die das Ziel verfolgt, solche Substanzen im Abwasser zu identifizieren, wird zu einem späteren Zeitpunkt im Rahmen von MARSTUP durchgeführt werden. Das Heroin wird in Basenform verkauft und hat eine braune Farbe. Es wird in gepressten Packungen von 500 g bis 1 kg in die Schweiz importiert und weist einen Reinheitsgrad von 40 bis 60% auf. Danach wird es mit einer vorgefertigten Mischung aus Koffein und Paracetamol gestreckt und anschliessend in Minigrip Druckverschlussbeutel à 5 g abgepackt. Dieses Heroin weist dann meistens einen Reinheitsgrad von 10 bis 15% auf. In dieser Form wird es von den Händlern an die Konsumierenden verkauft. Ein Teil dieser Konsumierenden packt das Heroin erneut in Briefchen ab, die typischerweise eine Dosis (0.2 g) enthalten, um es an weitere Konsumierende zu verkaufen. Normalerweise wird es auf dieser Stufe nicht weiter gestreckt. 9 Menge / Volumen Zwei unabhängige Methoden, die sich auf die Nachfrage und auf die Abwasseranalysen berufen, deuten auf eine im Kanton Waadt konsumierte Menge in der Grössenordnung von kg Strassenheroin pro Jahr hin. Es ist das erste Mal, dass eine solche Schätzung vorgenommen wurde. Sie legt nahe, dass im Kanton durch 1'343 1'894 regelmässigen und gelegentlichen Konsumierenden im Schnitt täglich rund 1'300 bis 2'800 Mal Heroin konsumiert wird. Für die Schätzung des totalen Marktvolumens müssen noch die Sicherstellungen der Polizei hinzugerechnet werden, die rund 18 kg Strassenheroin entsprechen. Das Marktvolumen situiert sich also im Bereich von 163 kg kg und die Sicherstellungen der Polizei machten 2015 etwa 8 bis 11% dieses Totals aus. Struktur und Organisation Der Heroinmarkt wird hauptsächlich von ethnisch-albanischen Gruppen kontrolliert, welche das Heroin importieren, strecken, verteilen und in Druckverschlussbeutel à 5 g verkaufen. Er ist seit einem Vierteljahrhundert in den Händen dieser Gruppe. Verschiedene Faktoren im Zusammenhang mit der Balkanroute, geschäftliche Verbindungen mit der Türkei und Italien, der Entwicklung der Kriminalität und des Kommunitarismus nach dem Zusammenbruch des Kommunismus, haben dazu beigetragen. Weitere Gründe sind die schwache Durchsetzung des Rechts im den Heimatländern sowie das Bestehen einer Diaspora in der Schweiz. Der Heroinkauf bei diesen Gruppen wird meist (aber nicht immer) über einen Anruf von einer Telefonkabine aus an einen Verkäufer abgewickelt, der sich auch ausserhalb des Kantons/der Schweiz befinden kann. Dieser legt den Preis und den Ort der Übergabe fest, bevor er seine Lieferanten (Läufer) benachrichtigt, bei denen es sich um junge albanische Männer handelt, die sich jeweils nur wenige Monate in der Schweiz aufhalten. Die Übergabe erfolgt anschliessend beim Treffen zwischen dem Lieferanten und dem Käufer. Die Langlebigkeit der Kontrolle durch ethnisch-albanische Gruppen hängt damit zusammen, dass es sich grösstenteils um relativ kleine, flexible Organisationen handelt, die leicht ersetzbar sind und die oft im Zusammenhang mit Gelegenheiten in Immigrationsländern ihre Geschäfte entwickelt haben. Dieses organische System kann durch die Polizei oder durch Konkurrenten nur schwer bekämpft werden. Die alban